Andrea H Japp |
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Editions Flammarion | |
21,00 € | |
Roman |
Ceux et celles qui connaissent Andrea H. Japp seront heureux de trouver cet automne son nouvel ouvrage : « Le Fléau de Dieu ». La peste, car c’est bien d’elle qu’il s’agit, étend son ombre mortelle sur la France du XIVème siècle, à la fin du Moyen Age. Romanesque, historique, policier, érudit, voici un roman passionnant.Tout d’abord romanesque : il nous présente une jeune et jolie héroïne, Gabrielle d’Aurillay. Elle a 20 ans, elle est enceinte, son mari l’aime, du moins le croit-elle… Elle va devoir affronter de dures épreuves, débuter sa vie de femme dans de dures conditions et trouver en elle hardiesse, décision et force de caractère. Puis roman historique : l’auteure, sans jamais être pédante, nous fait vivre ce Moyen Age sur lequel la superstition pèse encore très fort. Elle nous décrit un grand nombre de personnages hauts en couleur, de toutes classes sociales, et montre comment ce terrible fléau parvient à révéler les pulsions généreuses et les pires instincts, tant à la cour que dans le peuple. Roman policier, certainement, car un étrange diptyque passe de mains en mains et suscite de mystérieuses convoitises. Enfin roman érudit, d’une érudition toute joyeuse qui nous fait lire avec plaisir les notes en bas de page. Savez-vous, par exemple, qu’un « galopin » était à cette époque un petit garçon employé à faire des courses et qu’un « trousse-galant » se disait d’une maladie violente et mortelle ?
Mais hélas, il faudra attendre un peu pour connaître le dénouement de cette foisonnante histoire car « Le Fléau de Dieu » n’est que le premier volet d’une nouvelle série : « La Malédiction de Gabrielle » que tous auront certainement hâte de lire bientôt.
“Gabrielle se leva afin de récupérer dans le banc-coffre, un des rares meubles qui égaillaient la pièce commune, la brassière de fin linon qu’elle avait entrepris de broder d’une guirlande de bleuets. Elle jeta un regard aux vêtements en pile au fond du meuble. Diantre, où l’avait-elle rangée ? Elle retourna le contenu et ses doigts frôlèrent une surface dure. Intriguée, Gabrielle l’examina. Un diptyque sur bois, de main un peu grossière, présentant la Crucifixion et l’Ascension. Que faisait céans cette œuvre qu’elle découvrait ?”
“La mère Musard ressemblait à une pomme d’hiver, ratatinée et ridée, alors même qu’elle ne devait pas être âgée de plus de quarante ans. Si on la croyait, elle avait mis au monde des centaines d’enfants, dont huit d’elle… Elle vivotait grâce à des onguents, des compresses, des embrocations de sa fabrication et des accouchements de voisines, voire des extractions de dents qu’elle réalisait à l’aide de tricoises à déferrer après avoir assommé son patient inquiet d’un cruchon de piquette.”
“Gabrielle d’Aurillay s’admonesta. Se lever, décider, agir. Où aller ? A qui demander appui et conseils ? … L’incompréhensible cours adopté par sa vie la frappa. … Le sourire d’Henri lui avait permis d’éclore, de se métamorphoser en magnifique rose, en lys. Las, la rose n’avait pas senti que la saison venait de se terminer avant même d’avoir commencé. … Et soudain, l’hiver surgissait, brutal, au plein du mois d’août. La rose, âgée d’à peine vingt ans, se recroquevillait, fanait. Elle ferma les yeux devant le saccage de son existence.”