Dans les bureaux de TF1… Depuis 7 heures ce matin, l’animateur préféré des Français prépare le JT du jour… et répond à nos questions !
Père de quatre enfants dont deux nés de son mariage, en 2007, avec l’ancienne Miss France Nathalie Marquay, trois fois grand-père, auteur de nombreux livres et d’une pièce de théâtre (bientôt deux ?), passionné de course automobile… Jean-Pierre Pernaut, l’homme aux cinq 7 d’Or, est suivi chaque midi sur TF1 par près de 7 millions de téléspectateurs ! La recette de ce succès ? Il a bien voulu nous en parler, et nous livrer par la même occasion sa vision sur le monde des seniors d’aujourd’hui, et de demain…
⇐ Notre volonté pour le JT de 13 heures : rester au plus près des préoccupations des gens
La proximité avec les téléspectateurs vient de la ligne éditoriale que nous avons choisie lorsque je suis arrivé ici il y a 26 ans. Le JT de 13 heures sur TF1, n’est pas un journal «miroir», c’est un journal qui se veut au plus près des réelles préoccupations des téléspectateurs. Pour cela, il fallait que l’on soit présent partout : nous avons alors inventé le métier de correspondant régional d’une chaîne de télévision nationale, ça n’existait pas auparavant. Aujourd’hui, ce sont 19 bureaux, environ 150 journalistes répartis dans les régions, plus une grosse rédaction à Paris qui compte 230 journalistes. Ce qui nous permet d’avoir énormément de reportages de terrain, des témoignages, du vécu… Par exemple aujourd’hui, la première préoccupation des Français, c’est le chômage : la réalité que nous devons retranscrire, c’est le vécu des gens qui ne trouvent pas de travail, tout comme celui des entreprises qui ne parviennent pas à embaucher…
⇐ Un reflet de la vie telle qu’elle est…
Notre but est de montrer la réalité de ce pays, avec les bonnes et les mauvaises choses. L’actualité d’abord, française et internationale, puis une partie magazine en fin de journal où, délibérément, on a choisi de développer des reportages sur les traditions, le patrimoine et l’attachement à nos racines. Ce type de magazine est notre spécificité et nous en sommes très fiers, car il se nourrit à la fois des sujets des correspondants en région et de ceux des journalistes basés à Paris. Cela nous permet de montrer chaque jour la richesse et le dynamisme extraordinaire des régions françaises.
⇐ Ce journal de 13 heures est devenu un vrai rendez-vous.
Hommes ou femmes, jeunes ou âgés, actifs ou non, à la ville ou à la campagne, nous rassemblons entre 6 et 7 millions de téléspectateurs tous les jours, un résultat unique en Europe ; nous en sommes très fiers ! Et, tous les jours, ils ont rendez-vous avec quelqu’un qui essaye, à l’antenne, d’être tel qu’il est dans la vie ! Et puis, j’ai le même remplaçant depuis onze ans, Jacques Legros, nous travaillons avec les mêmes principes, le même regard sur l’actualité et cette continuité plaît aux téléspectateurs.
⇐ Face à l’actualité, je ne suis pas plus optimiste qu’un autre.
J’essaye juste de garder la bonne distance avec l’actualité, de ne pas la dramatiser. Cela ne m’a jamais empêché de parler de ce qui ne va pas : nous avons été les premiers à évoquer les problèmes de pouvoir d’achat des Français après l’adoption de l’euro. À faire quotidiennement des sujets sur le drame du chômage, les régions qui s’essoufflent économiquement, les difficultés que peuvent rencontrer les personnes âgées… L’un des plus gros défis à venir de notre société sera sans doute l’accroissement du nombre des plus de 60 ans. Demain, un actif devra-t-il financer non seulement ses parents à la retraite, mais aussi ses grands-parents, et ses arrières grands-parents ? Tous ces sujets-là sont abordés dans notre journal. En fait, l’image du «Pernaut optimiste» vient très certainement de notre partie magazine, entre 5 et 10 minutes en fin de journal, qui montre chaque jour que nous avons un pays extraordinaire, avec des savoir-faire, des artisans fabuleux, des traditions, des cultures… Encore aujourd’hui, je continue à voir avec grand plaisir ces reportages.
⇐ Dans un journal télévisé, il faut aussi montrer ce qui est beau !
Cette année, les cerisiers ont fleuri avec quinze jours d’avance, c’est beau ! Nous devons toujours veiller à ne pas nous complaire dans le négatif. Un exemple tout simple : lorsqu’il neige, il en résulte toujours des bouchons sur les routes… Certains médias ne parleront peut-être que de cet aspect. Moi, je veux évoquer aussi les batailles de boules de neige, l’économie de montagne qui va en profiter, sans oublier bien sûr, les poids lourds qui se retrouvent bloqués ! Le matin, j’écoute les sessions d’information des radios comme tout le monde, mais ce n’est pas pour autant que nous allons faire les mêmes choix éditoriaux dans le JT de 13 heures A partir de 7 heures, nous avons au téléphone nos 19 correspondants en régions à qui nous demandons quelle est la préoccupation des gens aujourd’hui. C’est ce contact au quotidien qui me paraît essentiel, car il me permet de ne pas être enfermé dans une bulle.
⇐ Mes projets ? Des livres… et du théâtre !
Je continue, chez Michel Lafon, à publier tous les ans « l’Almanach des régions », un livre à feuilleter tous les soirs pour découvrir à quel point notre pays est riche de traditions, de recettes de cuisine, de personnalités extraordinaires, de monuments remarquables. L’émission «Combien ça coûte» ?… Elle a été l’un des piliers de TF1 pendant près de vingt ans. Stoppée en 2010, je pense qu’elle serait tout à fait dans l’air du temps aujourd’hui encore. Avec son producteur, Christophe Dechavanne, nous serions prêts à la redémarrer demain matin si la chaîne en avait besoin ! (sourire) Je m’intéresse également beaucoup au théâtre. Avec mon épouse, nous avons écrit la pièce «Piège à Matignon» en 2010. On n’imaginait pas alors à quel point nous serions au cœur de l’actualité, encore aujourd’hui ! La pièce se joue partout en France, on a entamé une deuxième tournée depuis septembre, jusqu’au mois d’août. Le théâtre a été pour moi une formidable découverte, un nouveau monde, les comédiens, les coulisses, le contact avec le public… Je m’amuse comme un fou, autant qu’avec mes bouquins et la course automobile. Nous avons entamé l’écriture d’une deuxième pièce… Mais après le succès de la première, maintenant, on a un peu plus la pression !
⇐ Lorsqu’on est leader, on suscite parfois des critiques…
Il est évident que la moindre petite erreur dans un JT de TF1 prend parfois une ampleur démesurée, alors qu’une grosse erreur pourrait presque passer inaperçue ailleurs. Mais c’est tant mieux, cela nous oblige à être toujours plus vigilants et attentifs. Et puis, l’essentiel, c’est le choix que font les téléspectateurs. Ils ont une zappette à la main avec plein de boutons… Ce sont eux qui votent tous les jours à 13 heures !
⇐ Je n’ai jamais eu de prompteur, cela me permet de garder un maximum de spontanéité et de naturel…
Je souhaite que ce journal garde un ton naturel. Il m’arrive de me permettre de temps en temps un commentaire, mais jamais sur les choses essentielles. Les journalistes ont un devoir de réserve, parfois j’aimerais bien dire ce que je pense mais je ne le fais pas. En revanche, les commentaires que je m’autorise sont toujours des remarques de bon sens, pour souligner une belle image, ou mettre en évidence une aberration…
⇐ Aujourd’hui, un retraité a encore 40 ans devant lui !
D’où l’importance de se créer une nouvelle vie : pour beaucoup, cela consiste parfois à se trouver une nouvelle activité, pour compenser le faible montant des retraites. Et puis, physiquement, la plupart des gens ont encore la pêche pour se lancer dans de nouvelles activités. On ne va pas rester assis dans un fauteuil pendant 40 ans ! Du coup, aujourd’hui, la retraite n’est pas une fin de vie, mais plutôt un nouveau départ. En trente ans, le regard que l’on a sur les seniors a énormément évolué, et cela va continuer. Peut-être que les politiques ne s’en sont pas encore suffisamment aperçus. Vous savez, je me souviens qu’il y a 25 ans, on faisait un reportage quand un Français devenait centenaire. Aujourd’hui, on ne le fait plus, il y en a 40 000 dans notre pays ! l