La confrérie des moines volants

 1937 en URSS, Staline ordonne le pillage des églises russes, l’extermination des prêtres et la destruction de tous les objets sacrés. Certains prêtres plus chanceux que d’autres réussissent à échapper à la mort en se cachant dans les forêts. Nikodime Kirilenko, un ermite illuminé qui dort dans le cercueil qui lui servira à sa mort, fonde avec douze autres moines rescapés “La confrérie des moines volants”. Pour sauver les plus beaux trésors des églises encore épargnées, les moines vagabonds, formés par un des leurs Iossif, ancien acrobate,  n’hésitent pas à jouer les monte-en-l’air. Mais un accident mortel survenu à l’un des moines volants pousse Nikodime, en proie à la culpabilité,  à disperser la communauté et à cacher les objets de culte dans la forêt. C’est avec l’aide de la belle Irina, la femme qu’il désire et contre  laquelle il s’auto-flagelle qu’il parvient à les cacher. Avant de disparaître, il lui confie un carnet dans lequel il a raconté l’histoire de la confrérie et le lieu où a été dissimulé le trésor.

2000 à Paris, Mathias photographe de mode apprend le décès de son père. La volonté de ce dernier à être enterré selon les rites orthodoxes lui révèle que celui qu’il pensait bien connaître cachait des secrets, dont celui d’être russe. Un précieux cahier, une longue enquête lui en révélera la vraie personnalité et enfin, la cachette des objets précieux.

L’écriture de ce roman est vive, tout en finesse. Avec des chapitres courts, le ton est captivant, l’histoire “instructive” surtout dans la première partie du roman.  Avec Métin Arditi, on aime ces deux héros : Nicodime, âme slave, intensément croyant mais hanté par le pêché, et Mathias, enfant triste de notre monde moderne, qui trouvera dans sa recherche un but à sa vie.

Extraits : “Il glissa, faillit s’étaler et s’arrêta, tremblant tout entier. Il respira et expira longuement, plusieurs fois, puis reprit son ascension, remerciant le Seigneur pour la pluie qui mouillait le sentier et rendait son ascension douloureuse. Il lui fallait faire trois pas pour avancer d’un seul et il n’était pas au tiers de l’ascension que déjà les muscles de ses jambes étaient en feu. A nouveau il eut devant lui l’image d’Irina qui piochait, s’arrêtait et levait les yeux vers lui, le corps moulé dans sa robe baignée par la pluie. Dans la seconde qui suivit, l’image de sa cousine Macha se mêla à celle d’Irina. Toutes deux le regardaient en souriant, comme des diablesses qui s’apprêtaient à commettre le mal l’une avec l’autre, pour le plonger dans le feu du désir et le livrer à Satan.”

“La pièce était d’une majesté inouïe. Elle avait été conçue pour une trinité qu’elle recouvrait entièrement, à l’exception des visages, des mains et des pieds. Des plaquettes d’or en faisaient le tour, chacune gravée de scènes d’archanges et de saints. Sur sa partie principale, des parures ornaient le pourtour des visages, chaque fois par deux : un collier d’or serti de pierres précieuses et un diadème pour l’auréole, fait d’or et de perles. Les habits des personnages étaient gravés de motifs floraux et une nappe, finement gravée elle aussi, portait un calice rehaussé de pierres précieuses. Personne ne disait mot.”